Carnet de route

Le chemin

Le 06/06/2022 par BOULESTIER Joëlle

Prendre le temps…

Ancrer ses pieds dans la terre…

Se fondre dans les paysages et l’histoire millénaire de l’Occident…

Telle est l’expérience vécue par 13  cafistes en 4 séjours au printemps 2022

1. La voie du Puy entre Moissac et Condom

2. Lo camin d’Olt

3. Le camino del norte basque

4. Le camino Frances

5.  

1. De Moissac à Condom : chemin pèlerin en Lomagne

4 avril : il fait froid à Moissac à la descente du train. L’abbatiale Saint Pierre, chef d’œuvre d’art roman doit retrouver son éclat après restauration. On se réchauffe en allant jusqu’au pont canal. Tout est fermé sauf la boulangerie où Régine est reconnue car sa maman a été l’institutrice de Lauzerte pendant 30 ans.

5 avril : Après la nuit au gite du Carmel, les sacs et jambes sont lourds pour affronter une longue étape d’abord le long du canal jusqu’au pont de Pommevic puis à travers la campagne jusqu’à Auvillar avec sa halle circulaire entourée de maisons à colombage. Nous montons jusqu’à Saint Antoine où le gite du Figuier apaisant nous reçoit. On a volé la statue de St Antoine du Désert dans l’église pendant le confinement.

i 6 avril : Les paysages vallonnés de la Lomagne gersoise s’offrent à nous. Immenses parcelles labourées pour le maïs, soja, fèves, le colza fleuri donne de la couleur et quelques vergers ( les pruniers viennent de geler à 80./. dans la nuit ).Nous apprenons à repérer les divers parcellaires : boulbée, ribére, serre. L’habitat est dispersé de belles bâtisses en pierre avec tourelle et ample charpente. Les villages en promontoire comme Flamarens, Miradoux, Castel-Arrouy sont superbes. Le temps nous permet de visiter Lectoure , ancienne cité gallo-romaine devenue ville forte par les comtes d’Armagnac. Dommage la boutique du Bleu de Lectoure est fermée. On est bien reçues au gite de l’Etoile où nous retrouvons enfin d’autres pèlerins.

7 avril : L’étape de Lectoure à la Romieu est idéale pour la marche tranquille. L’arrivée par les jardins de Coursiana est magnifique avec vue sur la collégiale. Nous prendrons le temps de la visiter et de repérer les chats sculptés dans les murs du village évoquant la légende d’Angeline .Le gite de pèlerin tenu par Laurent est rare. Laurent soigne les bobos des pèlerins comme les épaules douloureuses de Gisèle.

8 avril : la dernière étape nous mène à Condom en passant par le beau village de Marsolan et Castelnau sur l’Auvignon, où sont commémorés des terribles combats du 21 juin 1944, la chapelle Sainte Germaine. Nous sommes accueillies par le gentil hospitalier Jean-Pierre au gite de l’ancien armel. Nous visitons la cité des quatre mousquetaires et faisons un tour à la boutique des pèlerins Caminoloc.

3) Le camino del norte

Le chemin du Nord entre océan et montagne est emprunté depuis le XI ° siècle bien avant le chemin françes .On a retrouvé sa pureté de l’esprit des origines : rencontres et entraide entre marcheurs et hébergeurs. La semaine du 8 au 17 mai entre Hendaye et Bilbao a été très variée. Un chemin en balcon dans des paysages sauvages : des futaies, des prairies où paissent vaches, montons, chevaux à la robe noire où l’habitat est dispersé en grosses fermes. L’itinéraire varie entre sentiers fleuris et petites routes parfois trop longues. La côte découpée par des falaises de pierre noire ou de grès est échancrée par de belles plages , paradis des surfeurs et par de jolis petits ports en bord de ria comme Orio. L’urbanisation côtière y est intense (l’aristocratique San Sabastien, Zaraust pour le tourisme balnéaire) ou plus populaire comme à Deba, Zummia. Des églises-forteresse dominent des places carrées. Guernica ville martyre a été reconstruite avec raffinement. Que dire de Bilbao qui nous a séduites par ses ruelles aux façades colorées, ses parcs fleuris et la fleur de verre magique du musée Guggenheim

L’esprit pèlerin s’est vite ressenti dans les rencontres universalistes entre marcheurs : 2 bretons partis de Quimper, 2 charmantes slovaques, David l’alsacien, Gérard de Montpellier entre autres ayant pour objectif Santiago à 700 km de là.

Nos hébergeurs nous ont tous ému : le frére du monastère de Ziortzanous apportant dans une grosse gamelle de fer blanc les pâtes du diner, Maritsa généreuse et accueillante à l’auberge pèlerine de Pozueta, l’hospitalier au refuge de la gare de Deba, Diana à Bilbao qui grâce à notre pécule fait de l’aide sociale…

Pour Françoise et Marie ce fut une découverte enrichissante du chemin pèlerin et une belle expérience de vie et pour moi l’envie de reprendre vite le bourdon vers le chemin primitif.